Michel Foucault : Penser l'homme

Penser l’homme est un essai collectif sur la responsabilité de l’homme au xxe siècle telle que la concevait le philosophe Michel Foucault, dirigé par François Gauvin et François Ewald, ancien assistant de Michel Foucault au Collège de France.

         

1- Présentation générale

L’homme, être dépendant des idées dominantes, des « systèmes de pensée », de la société dans laquelle il évolue, doit cependant tracer son propre chemin, chercher sa propre vérité à travers son rapport aux autres. Cette dépendance idéologique est inhérente aux valeurs qui irriguent les membres d’une société donnée. « L’homme, dit-il, reçoit son identité des jeux de vérité et de pouvoir qui organisent la société. » Michel Foucault dénonce cet héritage ancré dans l’inconscient collectif, de danger de tout ce qui se répète.

2- L’homme et la connaissance
A partir de la notion de folie, Michel Foucault tente de circonscrire la notion d’homme sain, celui qui définit le rapport à lui-même et à sa vérité et que la folie lui fait perdre en l’aliénant. « L’homme n’a de vérité que dans l’énigme de fou » écrit-il dans Histoire de la folie à l’âge classique (éditions Gallimard, 1961) Il développe une vision anthropologique de l’homme, à l’origine de toute connaissance, puisant sa démarche dans l’idéalisme allemand de Kant jusqu’à Heidegger.

3- L’homme au centre du pouvoir
Après mai 1968, Michel Foucault s’interroge sur les formes du pouvoir, sa traduction dans l’univers carcéral dans le GIP (le groupe d’information sur les prisons) qu’il a créé avec Jean-Marie Domenach. Il va généraliser cette idée que la société est d’essence carcérale où l’homme se sent prisonnier dans "Surveiller et punir" en 1975 où il écrit : « Les dispositifs de pouvoir-savoir circonscrivent l’espace dans lequel l’individu se définit comme un "corps docile". »

Dans ces dispositifs de pouvoir-savoir, l’individu arrive à s’auto surveiller, s’auto suggestionner pour devenir "un bon citoyen" où la présence d’un gardien n’est même plus requise. (voir Jeremy Bentham) Ce comportement de l’individu devient consubstantiel aux besoins de la société, d’autant qu’il touche l’essence même de la personne : « La société moderne dresse, surveille, punit si bien nos corps qu’on peut douter que notre "âme" soir autre chose qu’une fonction par laquelle notre corps se soumet. »

4- Du pouvoir à l’aveu
Pour Michel Foucault, la révolution sexuelle post soixante huitarde s’inscrit dans la logique de la pensée occidentale chrétienne. Il met en perspective l’érotisme oriental de la recherche du plaisir et l’érotisme occidentale d’aveu du désir pour y trouver une libération.

5- Les arts de l’existence
Sa longue enquête sur la sexualité au temps de l’antiquité s’explique aussi par ses désillusions en matière politique, en particulier son soutien à l’Iran de Khomeiny. Dans l’esprit des penseurs antiques, le ‘souci de soi’ s’applique faire surgir sa propre personnalité comme le sculpteur façonne les formes issues de la matière brute. Dans sa volonté de synthèse, de dépasser la logique d’aliénation par le pouvoir, il explore les possibilités de se réaliser dans un rapport à soi autonome. Il précise que « le ‘souci des soi’ antique offre une possibilité réelle pour l’individu de construire un rapport à soi hors du pouvoir et de ses exigences ‘d’aveux’. »

Bibliographie
* Michel Foucault :
o Histoire de la folie à l’âge classique, éditions Gallimard, 1961
o Les mots et les choses, une archéologie des sciences humaines, Gallimard, 1966

o Surveiller et punir, naissance de la prison, éditions Gallimard, 1975
o Histoire de la sexualité I : la volonté de savoir, éditions Gallimard, 1976
o Histoire de la sexualité II : L’usage des plaisirs , éditions Gallimard, 1984
o Histoire de la sexualité III : le souci de soi , éditions Gallimard, 1984
* Pierre Billouet, Foucault, éditions Les belles lettres, collection Figures du savoir, 1992

  <<<<<<<<<<<<<<<<<<< Christian Broussas - Feyzin - juillet 2011 - <<<<<<< © • cjb • © >>>>>>>>>>>>>>>>>>>