Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Frachet Essais-Philo
6 août 2014

Michel Houellebecq et Bernard-Henri Levy

Référence : Michel Houellebecq et Bernard-Henri Lévy, Ennemis publics, éditions Grasset et Flammarion, 332 pages, 2008, ISBN 978-2-08-121834-5, Le Grand livre du mois, 2008

           
« La langue française est vraiment une des réussites de ce pays, harmonieuse, un peu sourde, aux tonalités restreintes. » Michel Houellebecq

  
Ennemis publics est un essai publié sous forme d'une correspondance s'étalant entre janvier et juillet 2008 entre les écrivains Michel Houellebecq et Bernard-Henri Lévy. il est composé de 28 lettres qui abordent quelques sujets qui leur tiennent à cœur comme la carrière d'un écrivain, de son aspect littéraire à celle de "l'intellectuel engagé", le renouveau du religieux en occident, le sens de la création romanesque ou leur relation à des médias comme la presse et internet.

Houellebecq_BHL_0.jpg
  
C'est Michel Houellebecq qui lance le débat en partant de l'idée fortement répandue que « tout, comme on dit, nous sépare – à l'exception d'un point fondamental : nous sommes l'un comme l'autre des individus assez méprisables ». Ce qui correspond aux formules dans lesquelles Houellebecq excellent.
Certains ont reproché aux deux écrivains ce dialogue beaucoup trop "sérieux", manque de recul et manque d'humour, [1] sauf en quelques occasions où Bernard-Henri Lévy se demande si cet exercice n'intéressait pas qu'eux seuls, s'ils n'étaient pas guettés par une tentation à la paranoïa, questionnement qui restent largement théoriques.
Image associée       

Michel Houellebecq lance le débat en  mettant les pieds dans le plat, comme à son habitude sur le mode sado-maso, plutôt maso pour lui, plutôt sado pour son compère philosophe.

Il ne le ménage pas, l'apostrophant dès le départ dans son style à l'emporte-pièce :
« Spécialiste des coups foireux et des pantalonnades médiatiques, vous déshonorez jusqu’aux chemises blanches que vous portez. Intime des puissants, baignant depuis l’enfance dans une richesse obscène, vous êtes emblématique de ce que certains magazines un peu bas de gamme comme Marianne continuent d’appeler la « gauche-caviar », et que les périodistes allemands nomment plus finement la Toskana-Fraktion. Philosophe sans pensée, mais non sans relations, vous êtes en outre l’auteur du film le plus ridicule de l’histoire du cinéma. »


Il ne se ménage pas lui-même, renvoyant une image qu'il déballe sans tabou :
« Nihiliste, réactionnaire, cynique, raciste et misogyne honteux : ce serait me faire trop d’honneur que de me ranger dans la peu ragoûtante famille des anarchistes de droite ; fondamentalement, je ne suis qu’un beauf. Auteur plat, sans style, je n’ai accédé à la notoriété littéraire que par suite d’une invraisemblable faute de goût commise, il y a quelques années, par des critiques déboussolés. Mes provocations poussives ont depuis, heureusement, fini par lasser. »

 
Conclusion de son exorde :
« A nous deux, nous symbolisons parfaitement l’effroyable avachissement de la culture et de l’intelligence françaises, récemment pointé, avec sévérité mais justesse, par le magazine Time. Nous n’avons en rien contribué au renouveau de la scène électro française. Nous ne sommes même pas crédités au générique de Ratatouille. Les conditions du débat sont réunies. »


Au-delà de leur ego d'écrivains qui les conduit à se considérer comme des "ennemis publics", de fustiger les médias, au-delà du battage médiatique d'un secret qui se voulait bien gardé, [2] cet ouvrage contient de belles pages où les deux écrivains se livrent quand ils consentent à être authentiques et à interroger leur mémoire.

                            
Notes et références

[1] Comme Pierre Assouline dans son blog d'octobre 2008
[2] Voir à ce sujet l'article du Nouvel Observateur du 2 août 2008

Autres références
* Voir aussi mes articles Houellebecq, une jeunesse ainsi que La carte et le territoire

<< Christian Broussas – Houellebecq-BHL - Feyzin, 16 août 2014 - << © • cjb • © >>
Publicité
Publicité
Commentaires
Frachet Essais-Philo
Publicité
Archives
Publicité