Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Frachet Essais-Philo
29 octobre 2019

Michel Onfray Le crocodile d’Aristote

     

Référence : Michel Onfray, Le crocodile d’Aristote, éditions Albin Michel, 256 pages, septembre 2019

Une histoire de la philosophie par la peinture

Après un essai sur la dictature, Michel Onfray nous propose 40 tableaux aux détails remarquables pour découvrir la philosophie à partir de la peinture.
Une histoire philosophique par l'intermédiaire d'un choix de tableaux.

Avec son dernier essai intitulé Le crocodile d'Aristote, [1] Miche Onfray se fait à nouveau pédagogue, comme par exemple dans son Antimanuel de philosophie en 2001.

          
Onfray face à Machiavel :
« J’y vois l’énergie d’un cerveau puissant  dont le flux nous parvient  par un regard qu’on n’oublie pas. »

À chaque tableau dédié à un philosophe est lié un épisode historique suivi d'une explication didactique. Au premier rang, ce sacré Socrate qui délaisse ses deux femmes pour ne regarder que les belles boucles blondes d’Alcibiade peint par Reyer van Blommendael, sert à évoquer Le Banquet et l’amour à travers l'approche des corps des jeunes garçons.
Puis le tableau de Rubens qui peint Démocrite et Héraclite dans deux attitudes contradictoires, le rire ou les larmes... où bien sûr il préfère le rire. [2]


Jean-Baptiste de Champaigne : Alexandre le Grand envoyant des animaux à Aristote

Michel Onfray a choisi des tableaux aux détails (ou analogons) très représentatifs parmi lesquels on peut citer :
 - Le crocodile d’Aristote peint par Jean-Baptiste de Champaigne ;
- L’encrier de Thomas d’Aquin de Botticelli ;
- La bague d’Erasme peint par Holbein le Jeune ;
- La main de Descartes de Frans Hals ;
- La robe de chambre de Diderot par van Loo ;
- La blouse de Proudhon de Gustave Courbet…,
C’est la façon à la fois simple et ludique qu’a choisi Michel Onfray pour aborder la philosophie à travers le détail significatif d’une œuvre picturale, de Pythagore, le mathématicien de Samos jusqu’à Jacques Derrida, le maître de la "déconstruction".

  

L’auteur s’interroge par exemple sur le portrait de Descartes par Frans Hals (1583 ou 1583 – 1666) qui met en lumière sur un fond sombre le visage du philosophe et,  dans le coin inférieur droit de la toile, une main tenant un chapeau d’une façon très curieuse sans que l’on sache pourquoi, sans raison apparente, sans que le peintre en ait donné la moindre interprétation.

 
Marx et Engels de Hans Mocznay         Pythagore et le pêcheur par Salvator Rosa

Autres exemples qui donnent une idée de la démarche de l’auteur :
- Pythagore et le pêcheur par Salvator Rosa (1615 – 1673) où les poissons symbolisent la doctrine de Pythagore et l’ironie du peintre qui utilise une citation inversée du Christ et des apôtres.
- Le crocodile d’Aristote de Jean-Baptiste de Champaigne (1631 – 1681) fait référence à l’empirisme du philosophe et son appétence pour les sciences naturelles.
- Les gants du Portrait de Machiavel par Santi di Tito (1536 – 1603) sont comme un poignard du machiavélisme.
-  La « tasse à thé de Marx » dans le tableau Marx et Engels de Hans Mocznay (1906 – 1996) renvoie à un Marx prônant le communisme et buvant le thé à Londres, dans un salon bourgeois.

               
Frans Hals Portrait de Descartes    Gérard Fromanger Portrait de Gilles Deleuze
Santi di Tito Portrait de Machiavel

On retrouve aussi son goût pour Montaigne et, comme il dit, de sa « religion rationnelle », pour Diderot qui préférait sa vieille robe de chambre à celle en soie luxueuse, offerte par sa mécène, pour Nietzsche et l'aquité de son regard si bien croqué par Munch.
Et même de Michel Onfray lui-même on a fait le portrait... guère flatteur si l'on en croit l'intéressé !

Explication : « Pour le peintre, il s’agit de dire le plus possible de choses à moindre frais formel. L’idéal est qu’une image concentre une vision du monde. C’est alors qu’apparaît l’anecdote, l’objet, la chose, le détail qui contient en substance la totalité de l’œuvre.

     

Car on le sait... "le diable est dans les détails". L’artiste doit découvrit l’objet qui symbolise l'ensemble comme par exemple la coupe de Socrate, la lanterne de Diogène, la dent de Foucault, le chat de Derrida... et bien sûr le fameux crocodile d'Aristote.
Une synthèse en forme de peinture... si l'objet fait sens.

          
                                                 Buste d'Aristote

Notes et références
[1] Michel Onfray semble affectionner les références animales dans ses titres comme Le canari du nazi, La sagesse des abeilles ou Le miroir aux alouettes.
[2] 
Voir ma fiche sur "Le deuil de la mélancolie" --

Voir aussi
* mon Site Michel Onfray --

<< Christian Broussas – Onfray Aristote - 28/10/2019 © • cjb • © >>

Publicité
Publicité
Commentaires
Frachet Essais-Philo
Publicité
Archives
Publicité